Quand j’étais gamin, ma maman, qui avait à cœur de bien faire avec son petit garçon chéri, me faisait manger de tout, et tout particulièrement une fois par semaine je n’y échappais pas, de la cervelle. Je ne sais pas exactement de quel magazine (Femme Actuelle ? Parents ? Chasse & Pêche Hebdo ?) elle tenait cette idée, mais elle avait été persuadée par l’un ou l’autre journaliste de presse féminine que c’était très bon pour la santé et le développement des enfants (soit dit en passant : tous des bourreaux d’enfants ces gens là !!).
De la même manière, son potager faisait sa fierté, et j’ai eu la chance de grandir nourri de bons produits frais et cultivés avec amour. Et l’un des fleurons de ce que ma maman plantait, récoltait et nous servait avec une belle régularité à table, c’était ses épinards (succulents, il faut bien le dire).
Depuis, la maladie de la vache folle a fait beaucoup parler d’elle… on a appris que la maladie provenait en grande partie de l’alimentation des bovins par des farines animales contaminées, une pratique en plein essor dans le milieu de l’élevage des années 70-80 avant d’être un peu plus sérieusement réglementée et encadrée. Le vecteur de la maladie de l’animal vers l’homme est le prion, qu’on retrouve principalement (si j’ai bien tout compris) dans le système nerveux, la moelle et la … cervelle des bêtes touchées.
En 1986, le 26 avril très exactement, la centrale nucléaire Lénine, tout près de la ville de Tchernobyl en Ukraine, a été le lieu du plus grave accident nucléaire à ce jour. Un « nuage radioactif » a alors balayé l’Europe, mais, fait bien connu, s’est arrêté net à la frontière française (encore un grand merci à la vigilance de nos douaniers !). Et ce n’est pas plus mal d’ailleurs, parce que quand même j’habite en Alsace, à environ une quarantaine de kilomètres de l’Allemagne et la Suisse, il était donc temps que ce nuage s’arrête… Bref.
J’ai lu, je ne sais plus trop où, que parmi les végétaux qui « absorbent et conservent en eux » (je ne sais pas si les termes sont les plus adéquats) le plus la radioactivité, il y a en tête de liste les champignons et autres lichens. Et pas très loin derrière certains légumes, dont … les épinards.
Bon… vous vous demandez pourquoi je vous raconte tout ça ? Certainement pas pour blâmer ma maman de quoi que ce soit, je ne me lasserai de toute façon jamais de sa cuisine et de ses plats délicieux (si j’ai laissé tomber depuis longtemps le rituel hebdomadaire de la cervelle, j’aime toujours autant sinon plus ses épinards à la crème !).
En fait, c’était juste pour dire qu’après Tchernobyl et Creutzfeld-Jakob, je ne vais certainement pas me laisser impressionner par une cuisse de poulet ou une escalope de dinde !
Non mais des fois.